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DE M. CHAPTAL.

tirer de son propre sol, dès qu’elle le voudrait, toute sa provision de sucre.

Mais l’industrie des manufactures a été portée plus loin encore. Grâce aux lumières de la chimie, elle a imité les nombreux tissus de coton et de laine, jusqu’alors l’apanage exclusif de l’Inde et de l’Angleterre ; elle a composé tous les acides ; elle a extrait la soude du sel marin ; elle a formé, l’alun, les couperoses, le sel ammoniac, par la combinaison directe de leurs principes constituants ; elle a imaginé des procédés nouveaux pour le blanchîment des toiles, pour le raffinage du salpêtre, pour le tannage des peaux, pour le chauffage, pour l’éclairage, etc.

Et le tableau de ces progrès étonnants n’est pas ce qui frappe le plus dans l’ouvrage de M. Chaptal ; ce sont les rapports[1] qui subordonnent tous ces progrès entre eux ; c’est le lien qui unit entre elles toutes les branches de l’industrie[2] ; c’est le caractère d’unité de cette industrie ; c’est surtout cette masse de faits, pour la première fois rassemblés dans ce livre, et sur lesquels on voit s’appuyer et se mouvoir, en quelque sorte, tous les rouages du mécanisme social.

On a reproché, plus d’une fois, aux principes de l’économie politique, de n’être que de simples résultats abstraits

  1. Rapports dont la théorie a été si clairement démontrée par M. de Tracy : Traité d’économie politique.
  2. D’où il suit que les trois branches dont elle se compose, l’agriculture, les manufactures et le commerce, doivent toujours être considérées d’une vue d’ensemble par l’homme d’État, et que le véritable nom du ministère dont elles dépendent, est celui de Ministère de l’industrie.
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