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En terminant cet examen, qu’il me soit permis de dire un mot sur l’absolue nécessité de l’usage du microscope pour l’étude approfondie des divers corps de la nature. Ce qui s’est passé depuis quelque temps à l’Académie, au sujet de la Barégine, servira d’excuse à cette très-courte digression.

Sans le microscope, qui nous rapproche des objets inapercevables à la vue simple, le sang n’est qu’un liquide rouge ; la lymphe, le lait, le sperme, que des liquides blancs. On ignore alors que dans l’eau, qui forme la base de ces liquides, vivent isolément et indépendamment les uns des autres, comme dans un océan qui leur est propre, des myriades d’individus globuleux ou ovoïdes, composés quelquefois d’un noyau et d’une enveloppe, tels que ceux du sang, ou très-variés dans leurs formes, selon les diverses espèces d’animaux, et doués d’un mouvement instinctif, comme les animalcules spermatiques.

Qui oserait, aujourd’hui, parler avec assurance de l’élégante structure d’une fibre musculaire, avant de l’avoir étudiée sous le microscope ?

Qui pourrait, en ce moment, trouver de l’analogie entre cette fibre musculaire organisée, vivante[1], de forme, d’étendue et de durée déterminée, et ces agglomérats informes et sans vie que l’on nomme de la fibrine, lorsque ces agglo-

  1. De la Vie organique ou végétative. La vie animale ne peut exister que dans le résultat de l’ensemble de toutes les parties qui constituent l’individu composé, et non dans chacune des parties qui ne jouissent, comme le poil, le globule sanguin, la fibre musculaire, etc., etc., que de la vie purement organique ou végétative.