Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxiij
DE M. CHAPTAL.


La France n’avait aucun ouvrage qui lui présentât, réunis dans leur ensemble, tous les éléments de ses richesses. On avait commencé, sous Louis XIV, à demander aux Intendants des descriptions détaillées de leurs provinces. Il s’agissait de se former enfin des idées exactes sur le pays, sur sa population, sur ses terres, sur son industrie, sur son commerce. Mais ce premier essai d’une statistique générale de la France ne donna que des résultats très-imparfaits, parce que d’abord, on n’assujettit point les Mémoires des Intendants à un plan uniforme, et dont les éléments fussent, par conséquent, comparables, et que, d’ailleurs, les procédés sûrs, les méthodes précises de rechercher et de constater les faits, manquaient encore.

En 1800, à peine M. Chaptal était-il arrivé au ministère qu’il avait conçu le grand projet d’une nouvelle statistique générale de la France. Ce beau travail, commencé par lui, fut continué par ses successeurs jusqu’en 1812. On termina, en moins de quatre ans, la statistique de plusieurs départements ; on publia celle de quelques-uns ; celle de tous les autres fut plus ou moins avancée. On acquit ainsi des notions précieuses sur les produits, sur les revenus, sur les échanges, en un mot, sur tout ce qui constitue la richesse de la nation.

Sans doute que cet ouvrage de M. Chaptal laisse apercevoir de nombreuses, de grandes lacunes, et dans ses détails et dans son ensemble ; mais il a été le premier en son genre ; mais, tout incomplet qu’il est, il a ouvert une route nouvelle ; et, j’ajoute, la seule route qui puisse conduire à fonder enfin sur les faits la science de l’économie publique.

À considérer l’industrie d’une nation sous un point de vue général, trois branches principales la constituent : l’agriculture, les manufactures et le commerce. L’objet que s’est pro-

T. XV. Hist. 1835
E