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MÉMOIRE SUR L’ENDOSMOSE

inférieur, peu ou point visqueux, filtre avec facilité au travers de cette cloison, et va se mêler avec le liquide supérieur, dont il augmente ainsi le volume. Cette opinion, adoptée par plusieurs physiciens, mérite un sérieux examen.

En dissolvant un même poids de gomme arabique et de sucre dans un même poids d’eau, on a deux solutions dont la viscosité n’est point la même ; l’eau gommée est sensiblement plus visqueuse que l’eau sucrée. Or, si l’on sépare ces deux liquides par un morceau de vessie, le courant d’endosmose sera dirigé de l’eau gommée vers l’eau sucrée, c’est-à-dire que ce sera le liquide le plus visqueux, ou l’eau gommée, qui traversera la membrane avec le plus de facilité, ou en plus grande quantité ; bien plus, le même phénomène aura lieu en mettant dans le même poids d’eau une quantité de gomme double de celle du sucre. Ainsi, j’ai expérimenté qu’une solution de deux parties de gomme arabique dans trente-deux parties d’eau (densité 1,023), et une solution d’une partie de sucre dans le même poids d’eau (densité 1,014), étant séparées par un morceau de vessie, le courant d’endosmose est encore dirigé de l’eau gommée vers l’eau sucrée. Ces faits prouvent bien évidemment que le courant d’endosmose n’est point toujours dirigé du liquide le moins visqueux vers le liquide le plus visqueux. Ce n’est donc pas l’inégalité de la viscosité de ces deux liquides qui est ici la cause de l’inégalité de leur perméation au travers de la cloison poreuse qui les sépare. Afin d’établir ces faits d’une manière irréfragable, j’ai dû mesurer exactement la viscosité comparative de l’eau gommée et de l’eau sucrée qui ont servi aux expériences dont je viens de parler. Cette mesure comparative de la viscosité des liquides s’opère en observant le temps que chacun d’eux, à volume