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DE M. CHAPTAL.

sont peu communes, être bientôt affranchie d’un tribut énorme qu’elle payait à l’étranger.

Le but de tous les efforts de M. Chaptal semble avoir été de débarrasser la France de ces besoins extérieurs qui livrent toujours, plus ou moins, une nation à la merci des autres ; il a consacré sa vie entière à lui conquérir, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’indépendance de ses ressources et de son industrie ; et jamais, comme on le verra bientôt, dévouement plus national n’a produit de plus grands effets.

Grâce à ses belles manufactures, l’alun, les acides sulfurique, nitrique, muriatique, le sel de Saturne, etc., ne furent plus importés de l’Angleterre ou de la Hollande. C’était le premier exemple d’une application aussi étendue de la science à l’industrie. Nous ne sommes qu’à la première partie de sa vie, et cependant il a déjà perfectionné plusieurs arts ; il en a créé quelques-uns ; et, ce qui, en ce genre, équivaut presqu’à une création, il en a nationalisé d’autres.

Cette belle couleur rouge que la garance donne au coton était préparée dans le Levant, longtemps avant d’être introduite en France ; et de là vient le nom de rouge d’Andrinople sous lequel elle fut d’abord connue. Lorsque nos fabriques, voulurent enfin s’alimenter de ce beau produit, on fut obligé d’appeler des teinturiers grecs qu’on fit venir de Smyrne. M. Chaptal a la gloire d’avoir, un des premiers, songé à nous rendre maîtres de cet art, qui, depuis, a pris, parmi nous, un si grand développement, et qui, chaque jour encore, fait de nouveaux progrès.

Je ne puis énumérer ici tous les services de détail que, même à cette première époque de sa vie, il a rendus à l’industrie. Elle lui doit un vernis nouveau pour les poteries ;

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