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XIV
ÉLOGE HISTORIQUE

Ces mêmes cours, reproduits à Toulouse, y attirèrent la même affluence, et y excitèrent le même élan pour l’étude de la chimie.

Et il ne se bornait pas à propager ainsi la nouvelle chimie par ses leçons. À l’exemple des Bergman, des Fourcroy, des Berthollet, des Vauquelin, de tant d’autres, il passait, tour à tour, des méditations du professeur à celles de l’investigateur.

Mais un caractère particulier des travaux de M. Chaptal, et qui se fait remarquer dès les premiers d’entre eux, c’est que, presque toujours, il s’y est proposé pour but de faire tourner au profit des arts, le résultat de ses recherches scientifiques. Sa vocation a été, en quelque sorte, de renouveler l’industrie par la science, et cette noble vocation a paru dès ses premiers pas. « Qu’il sorte, s’écriait Diderot, qu’il sorte du sein des Académies un homme qui descende dans les ateliers, qui y recueille les phénomènes des arts, et qui les expose pour qu’enfin les artistes lisent, et les philosophes pensent utilement ! » Cet homme devait être M. Chaptal. Professeur, chef de grandes manufactures, membre du Conseil d’État, ministre, l’application de la chimie aux arts a été sa pensée constante ; pensée féconde à laquelle nul ne s’est plus dévoué que lui, et qui a porté si rapidement l’industrie française à ce point de grandeur où, déjà plus d’une fois en moins d’un demi-siècle, on l’a vue faire la force du pays et l’étonnement du monde.

La suite de cet Éloge va désormais se confondre avec l’histoire même des progrès que l’industrie française a dus aux découvertes de la chimie. Un intérêt profond s’attache à ce genre