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DE M. CHAPTAL.

un style abondant et animé, offrent un intérêt profond et qui, sous le point de vue historique, conserve aujourd’hui encore toute sa force.

Ces deux ouvrages de Lavoisier et de Fourcroy sont les deux seuls traités généraux de la nouvelle chimie qui aient précédé celui de M. Chaptal ; et c’est sans doute une véritable gloire pour lui de n’avoir été prévenu que par ces deux hommes, dont l’un était le créateur même de la nouvelle science, et dont l’autre en était déjà le propagateur le plus brillant et le plus célèbre. Par l’ordre, par la clarté, par le caractère de facilité qui y règnent, l’ouvrage de M. Chaptal était fait pour frapper tous les bons esprits ; aussi fut-il promptement traduit dans plusieurs langues ; les éditions s’en multiplièrent ; et l’auteur put bientôt se flatter que c’était dans ce livre que la moitié de l’Europe avait appris la chimie nouvelle.

Chaque siècle a son caractère de grandeur et de gloire qu’il tire des événements qui s’y développent ou s’y accomplissent. La fin du xviiie siècle ne se glorifie guère moins d’avoir vu naître, entre les mains de Lavoisier et de ses illustres coopérateurs, la chimie moderne, que la fin du xviie d’avoir vu naître, entre les mains de Newton, la découverte du vrai système du monde. La France n’oubliera jamais cette époque des Lavoisier, des Laplace, des Berthollet, des Fourcroy, des Guyton-Morveau, des Meusnier, des Monge : hommes rares, et qu’une sorte de confraternité d’efforts et de talents unissait entre eux pour la recherche de la vérité.

On était, d’ailleurs, dans toute cette première ardeur qu’inspire une science naissante. Dès les premiers cours de M. Chaptal à Montpellier, les auditeurs se pressèrent en foule à ses leçons.