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ÉLOGE HISTORIQUE

aussi difficile, et il obtint la liberté de venir passer deux ou trois années à Paris, pour y continuer et y compléter ses études.

Une fois échappé ainsi, à ce qu’il appelle, d’une manière plaisante, la tyrannie médicale de son oncle, Chaptal sembla ne plus respirer que pour la littérature. Dès son arrivée à Paris, il se lie avec Berquin, Lemierre, Roucher, Fontanes. Son génie facile semblait se plier également à tous les exercices de l’esprit ; et il n’est pas jusqu’à la poésie qui ne l’ait un moment disputé aux sciences. Mais enfin, le besoin d’études plus sérieuses se fit sentir, et il revint avec une nouvelle ardeur à ces sciences qui, au fond, étaient sa véritable vocation, et particulièrement à la chimie, suivant tour à tour les leçons de Bucquet, de Sage, de Romé-de-Lisle, et se préparant ainsi, quoique à son insu, au poste important auquel il allait bientôt être appelé.

En effet, et à peine, après quatre années passées à Paris, était-il de retour à Montpellier, que les États du Languedoc créèrent une chaire de chimie dans cette ville, et que cette chaire lui fut confiée. C’est de ce moment que s’ouvre dans les sciences la carrière brillante de M. Chaptal.

On touchait à la révolution de la chimie. Cependant l’ancienne doctrine du phlogistique prévalait encore ; c’est la doctrine que M. Chaptal enseigna d’abord, et dans ses premiers cours, et dans son premier ouvrage, lequel n’était, au reste, que le tableau sommaire de ses leçons.

Et rien n’est plus propre à montrer toute la vigueur de son esprit que la distance même qui sépare ce premier ouvrage, des Éléments de chimie qu’il publia quelques années plus tard ;