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Exposé de l’état de la question relative aux pénétrations et au choc.


Les premières recherches sur cet objet se rattachent à la longue et célèbre dispute, sur les forces vives et les forces mortes, agitée par les plus grands géomètres du siècle dernier, et qui, entamée d’abord par Leibnitz, ne s’est terminée qu’après que d’Alembert eut fait voir, dans son Traité de dynamique et dans l’Encyclopédie dont il fut l’un des plus ardents promoteurs, qu’au fond tout le monde était d’accord, et que la question se réduisait à une pure chicane de mots. Quoique aujourd’hui cette discussion ne soit plus d’aucun intérêt, il est bon cependant de rappeler, pour l’intelligence de ce qui suit, que l’on nomme spécialement force vive d’un corps en mouvement, le produit de sa masse par le carré de sa vitesse effective et actuelle, ou la somme des produits pareils relatifs à ses différentes parties matérielles, tandis qu’on désigne indifféremment par les épithètes de puissance mécanique, de moment d’activité, d’effet dynamique, de quantité d’action ou enfin de travail mécanique d’une force ordinaire de pression, la somme, l’intégrale du produit de cette force par le chemin infiniment petit que décrit, à chaque instant, son point d’application dans le sens de sa direction propre. Or cette somme, qui mesure, à proprement parler, l’énergie des moteurs sous le rapport de la production des divers effets ou ouvrages mécaniques, et dont, à l’époque en question, la considération n’avait point acquis, dans les applications à l’industrie, le degré d’importance qu’on lui accorde maintenant, cette somme, disons-nous, a une relation numérique nécessaire avec la force vive dont elle est ou la cause ou l’effet direct, et qui consiste en ce que, dans un système