Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 13.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sciences comme autant de flambeaux destinés à l’éclairer aussi long-temps que le monde sera gouverné par les mêmes lois.

D’autres, d’un esprit non moins vif, non moins propre à saisir des aperçus nouveaux, ont eu moins de sévérité dans le discernement de l’évidence ; aux découvertes véritables dont ils ont enrichi le système de nos connaissances, ils n’ont pu s’empêcher de mêler des conceptions fantastiques ; croyant pouvoir devancer l’expérience et le calcul, ils ont construit laborieusement de vastes édifices sur des bases imaginaires, semblables à ces palais enchantés de nos vieux romans que l’on faisait évanouir en brisant le talisman dont dépendait leur existence. Mais l’histoire de ces savants moins complétement heureux n’est peut-être pas moins utile ; autant les premiers doivent être proposés sans réserve à notre admiration, autant il importe que les autres le soient à notre étude ; la nature seule produit des génies du premier ordre ; mais il est permis à tout homme laborieux d’aspirer à prendre son rang parmi ceux qui ont servi les sciences, et il le prendra d’autant plus élevé qu’il aura appris à distinguer par de notables exemples les sujets accessibles à nos efforts, et les écueils qui peuvent empêcher d’y atteindre. C’est dans ce but qu’en traçant cette vie de l’un de nos plus célèbres naturalistes, nous avons pensé qu’il était de notre devoir, en accordant de justes louanges aux grands et utiles travaux que la science lui doit, de signaler aussi ceux de ses ouvrages où trop de complaisance pour une imagination vive l’a conduit à des résultats plus contestables, et de marquer, autant qu’il est en nous, les causes et les occasions de ces écarts, ou, si l’on peut s’exprimer ainsi, leur généalogie. C’est le principe qui nous a guidé dans tous nos éloges historiques, et loin que nous pensions avoir manqué en cela au respect que nous