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duite au modique traitement de sa chaire. Les amis des sciences, attirés par la haute réputation que lui avaient value ses ouvrages de botanique et de zoologie, voyaient ce délaissement avec surprise ; il leur semblait qu’un gouvernement protecteur des sciences aurait dû mettre un peu plus de soin à s’informer de la position d’un homme célèbre : mais leur estime redoublait à la vue du courage avec lequel ce vieillard illustre supportait les atteintes de la fortune et celles de la nature ; ils admiraient surtout le dévouement qu’il avait su inspirer à ceux de ses enfants qui étaient demeurés auprès de lui : sa fille aînée, entièrement consacrée aux devoirs de l’amour filial pendant des années entières, ne l’a pas quitté un instant, n’a pas cessé de se prêter à toutes les études qui pouvaient suppléer au défaut de sa vue, d’écrire sous sa dictée une partie de ses derniers ouvrages, de l’accompagner, de le soutenir tant qu’il a pu faire encore quelque exercice, et ces sacrifices sont allés au delà de tout ce que l’on pourrait exprimer : depuis que le père ne quittait plus la chambre, la fille ne quittait plus la maison. À sa première sortie, elle fut incommodée par l’air libre dont elle avait perdu l’usage. S’il est rare de porter à ce point la vertu, il ne l’est pas moins de l’inspirer à ce degré ; et c’est avoir ajouté à l’éloge de M. de Lamarck, que d’avoir raconté ce qu’ont fait pour lui ses enfants.

M. de Lamarck est décédé le 18 décembre 1829, à l’âge de 85 ans ; il ne laisse que deux fils et deux filles. L’aîné de ses fils occupe un poste distingué dans le corps des ponts et chaussées. Sa place à l’Institut a été donnée à