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s’élevait enfin un monument fait pour durer autant que les objets sur lesquels il repose : heureux s’il lui avait été donné de l’élever jusqu’au faîte ! mais nous avons vu qu’il s’était livré tard à la zoologie : dès les premiers moments, ses yeux affaiblis l’avaient obligé de recourir pour les insectes à l’obligeance de notre célèbre confrère M. Latreille, que l’Europe reconnaît pour son maître dans cette immense partie de l’histoire naturelle ; bientôt il se vit menacé du plus grand malheur qui puisse frapper un naturaliste ; des nuages qui s’épaississaient par degré, mais sans rémission, sans relâche, ne lui laissèrent plus apercevoir qu’obscurément toutes ces organisations délicates dont l’observation faisait sa seule jouissance. Aucun effort de l’art ne put ralentir l’invasion de ce fléau, ni y porter remède ; cette lumière qu’il avait tant étudiée, lui échappa entièrement, et il a passé plusieurs de ses dernières années dans une cécité absolue ; malheur d’autant plus complet qu’aucune des distractions qu’un peu d’aisance aurait pu lui procurer, ne lui était permise. Marié quatre fois, père de sept enfants, il vit disparaître son mince patrimoine, et même ses premières économies, dans quelques-uns de ces placements hasardeux, appâts trompeurs, si souvent offerts à la crédulité par des spéculateurs sans honte.

Sa vie retirée, suite des habitudes de sa jeunesse, sa persistance dans des systèmes peu d’accord avec les idées qui dominaient dans les sciences, n’avaient pas dû lui concilier la faveur des dispensateurs des grâces ; et lorsque les infirmités sans nombre, amenées par la vieillesse, eurent accru ses besoins, toute son existence se trouva à peu près ré-