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démie des sciences, et le prix, justement décerné à un Mémoire de Lagrange, quoiqu’il ne renfermât pas la solution du problême. Enfin, Laplace découvrit, en 1787, la cause véritable de ce phénomène : il fit voir que l’accélération observée dans le moyen mouvement de la lune est une variation périodique du genre des inégalités séculaires, qui provient de la variation de l’excentricité de l’orbite du soleil ; et il trouva, de plus, qu’en vertu de cette même cause, les mouvements du périgée et du noeud de la lune sont assujettis de semblables inégalités, que l’observation n’avait point encore signalées[1]. L’introduction de ces trois inégalités séculaires dans les tables du mouvement de la lune, a rendu ces tables applicables à tous les temps et propres au calcul des plus anciennes éclipses qui nous soient connues. En y ayant égard, M. Bouvard a calculé, dans la Connaissance des temps de 1800, les distances des centres du soleil et de la lune aux époques de vingt-sept éclipses observées par les Chaldéens, les Grecs et les Arabes, et dont les plus anciennes, au nombre de trois, remontent aux années 719 et 720 avant notre ère. Il a trouvé toutes ces distances moindres que la demi-somme des diamètres des deux astres ; condition nécessaire et suffisante pour que les éclipses aient eu lieu effectivement, et qui ne serait plus remplie, si l’on ne tenait

  1. Avant que la découverte du géomètre français fût connue en Europe, l’Académie de Stockholm proposa de nouveau la question de l’accélération du mouvement de la lune ; mieux informée, au terme du concours, elle décerna le prix à Laplace, quoiqu’il n’eût pas concouru : il reçut de Suède, à l’époque des assignats, cent ducats en or qui lui ont été d’une grande utilité, comme il se plaisait souvent à le répéter.