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un métaphysicien peut en dériver toute une autre génération de systèmes ; mais il ne peut soutenir un moment l’examen de quiconque a disséqué une main, un viscère, ou seulement une plume.

Cependant M. de Lamarck ne s’en était pas tenu à cette théorie chimique, à cette théorie des êtres vivants ; en 1802, dans son Hydrogéologie[1], il y avait joint une théorie correspondante de la formation du globe et de ses mutations, fondée sur la supposition que tous les minéraux composés sont des débris de la vie. Les mers, sans cesse agitées par les marées que produit l’action lunaire, creusent sans cesse leur lit, et à mesure que leur bassin s’enfonce ainsi dans la croûte du globe, il arrive nécessairement que leur niveau s’abaisse, que leur surface diminue : ainsi se découvrent de plus en plus les terres sèches, formées, comme nous l’avons dit, des débris des êtres vivants. À mesure que ces terres sortent de la mer, les eaux pluviales par leurs courants les déchirent, les creusent, et font naître les vallées et les montagnes. Les volcans exceptés, nos chaînes les plus élevées, les plus escarpées, ont autrefois appartenu à des plaines ; leur matière même a fait autrefois partie des corps des animaux et des plantes ; c’est pour s’être à la longue débarrassées des principes étrangers, qu’elles sont réduites à une nature siliceuse ;

  1. Hydrogéologie, ou Recherches sur l’influence qu’ont les eaux sur la surface du globe terrestre, sur les causes de l’existence du bassin des mers, de son déplacement, de son transport successif sur les différents points de ce globe, enfin sur les changements que les corps vivants exercent sur la nature et l’état de cette surface. 1 vol. in-8o, 1802.