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que l’on ne croie pas que nous ajoutions ni retranchions rien, nous employons les propres termes de l’auteur.

On comprend que ces principes une fois admis, il ne faut plus que du temps et des circonstances pour que la monade ou le polype finissent par se transformer graduellement et indifféremment en grenouille, en cigogne, en éléphant. Mais l’on comprend aussi, et M. de Lamarck ne manque pas de le déclarer, qu’il n’y a point d’espèces dans la nature, et que si les hommes se sont fait des idées contraires, cela ne vient que du temps qui a été nécessaire pour amener ces innombrables variétés de formes sous lesquelles la nature vivante nous apparaît aujourd’hui ; résultat qui dut sembler bien pénible à un naturaliste dont presque toute la longue vie avait été consacrée à la détermination de ce que jusque-là il avait cru des espèces, soit dans les plantes, soit dans les animaux, et dont, il faut le dire, le mérite le plus reconnu avait consisté dans cette détermination.

Quoi qu’il en soit, M. de Lamarck reproduisit cette théorie de la vie dans tous les ouvrages zoologiques qu’il publia depuis ; et quelque intérêt que ces ouvrages excitassent par leurs parties positives, personne ne crut leur partie systématique assez dangereuse pour mériter d’être attaquée ; on la laissa dans la même paix que la théorie chimique, et par la même raison : c’est que chacun put s’apercevoir qu’indépendamment de bien des paralogismes de détail, elle repose aussi sur deux suppositions arbitraires : l’une, que c’est la vapeur séminale qui organise l’embryon ; l’autre, que des désirs, des efforts, peuvent engendrer des organes. Un système appuyé sur de pareilles bases peut amuser l’imagination d’un poète ;