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être l’électricité lui porte-t-elle son secours. Qu’un oiseau, un cheval, un insecte même, pussent directement se former ainsi, c’est ce que M. de Lamarck ne croyait pas ; mais pour les corps vivants les plus simples, ceux qui se trouvent à l’extrémité de chaque règne, il n’y voyait aucune difficulté ; car une monade, un polype, sont, dans sa pensée, mille fois plus aisés à former qu’un embryon de poulet. Mais comment sont venus à la vie les êtres qui montrent plus de complication et que la génération spontanée ne pouvait pas produire ? Rien encore, se disait-il, de si facile à concevoir. Que l’orgasme, excité par ce fluide organisateur, vienne à se prolonger, il augmentera la consistance des parties contenantes, il les rendra susceptibles de réagir sur les fluides en mouvement qu’elles contiennent, il y aura irritabilité, et l’irritabilité aura le sentiment pour conséquence ; le premier effort de l’être commençant ainsi à se développer, devra tendre à le faire subsister, à lui former un organe nutritif. Voilà une cavité alimentaire ! D’autres besoins, d’autres désirs, produits par les circonstances, amèneront d’autres efforts, qui feront naître d’autres organes ; car, par une hypothèse de plus ajoutée à toutes les autres, ce ne sont pas les organes, c’est-à-dire la nature et la forme des parties, qui donnent lieu aux habitudes et aux facultés ; ce sont les habitudes, la manière de vivre, qui, avec le temps, font naître les organes : c’est à force de vouloir nager qu’il vient des membranes aux pieds des oiseaux d’eau ; à force d’aller à l’eau, à force de ne vouloir pas se mouiller, que les jambes s’allongent à ceux de rivage ; à force de vouloir voler, que les bras de tous se produisent en ailes, et que les poils et les écailles s’y développent en plumes : et