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nature qui produit des combinaisons, au contraire, elle tend sans cesse à détruire les combinaisons qui existent, et chaque principe d’un composé cherche à se dégager suivant le degré de son énergie ; les dissolutions ne résultent que de cette disposition, favorisée par la présence de l’eau ; les affinités n’y sont pour rien ; toutes les expériences par où l’on cherche à prouver que l’eau se décompose, qu’il existe plusieurs espèces d’air, ne sont que des illusions, et c’est le feu qui les produit. L’élément du feu[1] est sujet comme les autres à se modifier lorsqu’il se combine. Dans son état naturel, répandu partout, pénétrant tous les autres corps, il est absolument imperceptible ; seulement, lorsqu’il est mis en vibration, c’est lui qui est la matière du son ; car ce n’est point l’air qui en est le véhicule, comme le croient les physiciens[2] ; mais le feu se fixe dans un grand nombre de corps, il s’y accumule, et, dans son plus haut degré de condensation, il y devient feu carbonique, radical de toutes les matières combustibles, cause de toutes les couleurs ; moins enchaîné, plus prêt à s’échapper, il est feu acidifique, cause de la causticité quand il est très-abondant, des saveurs et des odeurs quand il l’est moins. Au moment où il se dégage, et dans son état transitoire de mouvement expansif, il est feu calorique ; c’est alors qu’il dilate, qu’il échauffe, qu’il liquéfie, qu’il volatilise les corps en entourant leurs molécules, qu’il les brûle en détruisant leur agrégation, qu’il les calcine ou les acidifie en s’y

  1. Mémoire sur la matière du feu, considéré comme instrument chimique dans les analyses. — Journal de physique, floréal an VII.
  2. Mémoire sur la matière du son. — Journal de physique, lu les 16 et 26 brumaire an VIII.