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que les hommes du monde ; personne ne vint que M. de Lamarck, et Sonnerat, dans son dépit, lui donna l’herbier magnifique qu’il avait apporté ; il profita aussi de celui de Commerson, et de ceux qui s’étaient accumulés chez M. de Jussieu et qui lui furent généreusement ouverts.

On peut s’étonner aussi, mais dans un autre sens, que M. de Lamarck n’eût pas adopté pour la distribution de ses grands ouvrages les méthodes perfectionnées dont il avait si bien tracé les règles dans la préface de sa Flore, et qu’il se fût borné à suivre, pour l’un, le système sexuel, et pour l’autre, l’ordre alphabétique ; mais c’étaient des conditions que lui avait prescrites l’entrepreneur de l’Encyclopédie ; car, il faut l’avouer, M. de Lamarck était encore réduit à travailler pour les libraires, et d’après leur direction ; ce travail était même sa seule ressource.

La faveur de M. de Buffon, celle du ministre ne lui avaient valu aucun établissement solide ; ce ne fut que M. de La Billardière, successeur de Buffon, qui, allié à la famille de M. de Lamarck, fit créer pour lui une chétive place de garde des herbiers au Cabinet du roi ; place qu’encore il fut presque aussitôt au moment de se voir arracher ; de fortes oppositions se manifestèrent dans l’établissement ; on demanda même à l’Assemblée nationale de la supprimer ; ce que je vois par deux brochures qu’il fut obligé de publier pour la défendre, et si quelques années plus tard il obtint une existence un peu moins précaire, ce ne fut qu’en changeant encore une fois de vocation.

En 1793 le Jardin et le Cabinet du roi furent reconstitués, sous le titre de Muséum d’histoire naturelle ; tous les fonc-