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rapide. M. de Buffon, qui n’était peut-être pas fâché que l’on vît par cet exemple combien ces méthodes qu’il estimait si peu étaient ou faciles ou indifférentes, obtint de faire imprimer la Flore française à l’imprimerie royale. Une place de botanique étant venue à vaquer à l’Académie des sciences, et M. de Lamarck ayant été présenté en seconde ligne, le ministre, chose presque sans exemple, lui fit donner par le roi, en 1779, la préférence sur M. Descemet, qui était présenté le premier, et qui depuis et pendant une longue vie n’a jamais pu recouvrer la place que cette espèce de passe-droit lui avait fait manquer. En un mot, le pauvre officier si négligé depuis la paix obtint tout d’un coup le bonheur toujours très-rare, et surtout alors, d’être à la fois l’objet de la faveur de la cour et de celle du public. L’affection de M. de Buffon lui valut un autre avantage ; désirant faire voyager son fils qui venait de terminer ses études, il proposa à M. de Lamarck de lui servir de guide, et ne voulant pas qu’il parût comme un simple précepteur, il lui fit donner une commission de botaniste du roi, chargé de visiter les jardins et les cabinets étrangers, et de les mettre en correspondance avec ceux de Paris. M. de Lamarck parcourut ainsi avec le jeune Buffon, pendant une partie des années 1781 et 1782, la Hollande, l’Allemagne et la Hongrie ; il vit Gleditsch à Berlin, Jacquin à Vienne, Murray à Gœttingue ; il prit une idée des magnifiques établissements consacrés à la botanique en divers pays étrangers, et dont les nôtres n’approchent pas encore, malgré tout ce qui a été fait pour eux depuis 30 ans.

Peu de temps après son retour commencèrent des ouvrages plus importants que sa Flore, bien que moins répandus, et qui lui ont assigné un rang plus éminent parmi les botanistes ;