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C’est même par ses travaux que l’harmonie de la cristallisation avec la composition a été le mieux démontrée. Souvent l’identité de composition qu’il découvrait entre des corps de figure en apparence différente, engageait Haüy à les étudier de nouveau, et faisait reconnaître des analogies de structure qui lui avaient échappé ; plus souvent encore une ressemblance, ou une différence, découvertes dans la structure, se trouvaient confirmées par des rapports ou des différences dans l’analyse. Cela parut surtout lors de la découverte que fit M. Vauquelin, de la terre nommée glucine ; car il est, après Klaproth, un des premiers qui aient eu l’honneur de découvrir de nouvelles substances élémentaires. Le nom de cette terre nouvelle exprime la saveur sucrée des sels qu’elle forme avec les acides. Notre chimiste l’obtint du béril ou aigue marine[1], genre de pierre dont la cristallisation est la même que celle de l’émeraude ; celle de l’émeraude ; il ne l’avait pas d’abord remarquée dans cette dernière, sans doute à cause de la petite quantité qu’il en avait soumise à l’analyse ; mais, sur la demande d’Haüy, il en renouvela l’examen, et la glucine, s’y étant trouvée, devint un sujet de triomphe pour la cristallographie.

Une découverte encore plus brillante fut celle du métal à qui les belles couleurs qu’il prend dans les différents degrés d’oxigénation, et celles qu’il donne aux minéraux dont il est un des composants, firent imposer le nom de chrôme. La vive écarlate du plomb rouge de Sibérie, le rose du rubis spinelle, le vert si pur de l’émeraude, sont dus à l’acide et à

  1. Journal des Mines, t. VIII, p. 553. Ann. de Chim., t. XXVI, p. 155 et 170.