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tières les plus pesantes se sont rapprochées du centre ; et cette condition a déterminé la stabilité des mers.

Quelle que puisse être la cause physique de la formation des planètes, elle a imprimé à tous ces corps un mouvement de projection dans un même sens autour d’un globe immense : par là le système solaire est devenu stable. Le même effet se produit dans le système des satellites et des anneaux. L’ordre y est maintenu par la puissance de la masse centrale. Ce n’est donc point, comme Newton lui-même et Euler l’avaient soupçonné, une force adventice qui doit un jour réparer ou prévenir le trouble que le temps aurait causé. C’est la loi elle-même de la gravitation qui règle tout, qui suffit à tout, et maintient la variété et l’ordre. Émanée une seule fois de la sagesse suprême, elle préside depuis l’origine des temps, et rend tout désordre impossible. Newton et Euler ne connaissaient point encore toutes les perfections de l’univers.

En général, toutes les fois qu’il s’est élevé quelque doute sur l’exactitude de la loi neutonienne, et que, pour expliquer les irrégularités apparentes, on a proposé l’accession d’une cause étrangère, il est toujours arrivé, après un examen approfondi, que la loi primordiale a été vérifiée. Elle explique aujourd’hui tous les phénomènes connus. Plus les observations sont précises, plus elles sont conformes à la théorie. Laplace est de tous les géomètres celui qui a le plus approfondi ces grandes questions ; il les a, pour ainsi dire, terminées.

On ne peut pas affirmer qu’il lui eût été donné de créer une science entièrement nouvelle, comme l’ont fait Archimède et Galilée ; de donner aux doctrines ma-