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lération du mouvement lunaire, en supposant que l’action de la gravité n’est pas instantanée, mais assujettie à une transmission successive, comme celle de la lumière. Par cette voie, il ne put découvrir la véritable cause. Enfin une nouvelle recherche servit mieux son génie. Il donna, le 19 mars 1787, à l’Académie des Sciences, une solution claire et inattendue de cette difficulté capitale. Il prouve très-distinctement que l’accélération observée est un effet nécessaire de la gravitation universelle.

Cette grande découverte éclaira ensuite les points les plus importants du système du monde. En effet, la même théorie lui fit connaître que, si l’action de la gravitation sur les astres n’est pas instantanée, il faut supposer qu’elle se propage plus de cinquante millions de fois plus vite que la lumière, dont la vitesse bien connue est de soixante-dix mille lieues par seconde.

Il conclut encore de sa théorie des mouvements lunaires que le milieu dans lequel les astres se meuvent n’oppose au cours des planètes qu’une résistance pour ainsi dire insensible ; car cette cause affecterait surtout le mouvement de la lune, et elle n’y produit aucun effet observable.

La discussion des mouvements de cet astre est féconde en conséquences remarquables. On en peut conclure, par exemple, que le mouvement de rotation de la terre sur son axe est invariable. La durée du jour n’a point changé de la centième partie d’une seconde depuis deux mille années. Il est remarquable qu’un astronome n’aurait pas besoin de sortir de son observatoire pour mesurer la distance de la terre au soleil. Il lui suffirait d’observer assi-