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nie. Il entreprit de composer l’almageste de son siècle : c’est le monument qu’il nous a laissé sous le nom de Mécanique céleste ; et son ouvrage immortel l’emporte sur celui de Ptolémée autant que la science analytique des modernes surpasse les éléments d’Euclide.

Le temps qui seul dispense avec justice la gloire littéraire, qui livre à l’oubli toutes les médiocrités contemporaines, perpétue le souvenir des grands ouvrages. Eux seuls portent à la postérité le caractère de chaque siècle. Ainsi le nom de Laplace vivra dans tous les âges. Mais, et je me hâte de le dire, l’histoire éclairée et fidèle ne séparera point sa mémoire de celle des autres successeurs de Newton. Elle réunira les noms lustres de d’Alembert, de Clairaut, d’Euler, de Lagrange et de Laplace. Je me borne à citer ici les grands géomètres que les sciences ont perdus, et dont les recherches ont eu pour but commun la perfection de l’astronomie physique.

Pour donner une juste idée de leurs ouvrages, il est nécessaire de les comparer ; mais les bornes qui conviennent à ce discours m’obligent de réserver une partie de cette discussion pour la collection de nos Mémoires.

Après Euler, Lagrange a le plus contribué à fonder l’analyse mathématique. Elle est devenue, dans les écrits de ces deux grands géomètres, une science distincte, la seule des théories mathématiques dont on puisse dire qu’elle est complètement et rigoureusement démontrée. Seule, entre toutes ces théories, elle se suffit à elle-même, et elle éclaire toutes les autres ; elle leur est tellement nécessaire, que, privées de son secours, elles ne pourraient que demeurer très-imparfaites.