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C’est, surtout, relativement au gaz hydrogène que mes résultats diffèrent de ceux des précédents observateurs. La faible densité de ce fluide rend énormes les erreurs provenant du mélange accidentel de quelques portions d’un autre gaz permanent, ou même de vapeur d’eau. Préparé avec toutes les précautions nécessaires pour l’avoir pur, il donne sensiblement la double octave aiguë du ton rendu par l’oxigène. Chladni n’avait jamais trouvé plus d’une dixième d’intervalle, quelquefois qu’une octave. Le nombre obtenu par M. Van Rees, quoique moins erroné, était encore de environ plus faible que ne l’aurait voulu la formule de Newton. En sorte que la vitesse de propagation du son, loin d’être augmentée dans ce fluide, aurait été diminuée par l’effet des compressions et des dilations alternatives ; ce qui eût été incompréhensible dans la théorie actuelle[1]. Au surplus, les erreurs eussent été beaucoup plus faibles, qu’elles se seraient

  1. On trouve, dans le grand ouvrage (Lectures on natural philosophy, vol. ii, p. 409) de M. Young, un passage qui ferait supposer que l’auteur s’est lui-même livré à des recherches expérimentales pour déterminer la vitesse réelle du son dans les fluides élastiques, bien qu’il ne rapporte aucun nombre, aucune indication précise de ses résultats. M. Young se borne à dire que « il parait (je traduis littéralement), d’après les expériences faites sur les sons rendus par les diverses espèces de gaz, que la correction relative à la vitesse du son serait presque la même (nearly the same) pour tous. » Cette assertion est bien éloignée de la conséquence à laquelle m’a conduit mon travail ; car, parmi les gaz mentionnés dans le tableau précédent, qui ne comprend pas sans doute les extrêmes, la correction dont il s’agit, varierait déjà du simple au double. Les résultats théoriques de M. Ivory ne s’accordent pas mieux avec mes recherches, puisque, suivant cette théorie, le rapport des deux chaleurs spécifiques, ou le facteur par lequel il faudrait multiplier la vitesse théorique du son pour passer à la vitesse réelle, devrait être le même pour tous les gaz. (Phil. mag. new series, t. i, p. 253).