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(26) Đ’après quels principes la valeur de l’eau qui sert a entretenir la navigation sur un canal artificiel peut-elle être estimée ? C’est une question que, jusqu’à présent, les ingénieurs ne se sont point occupés de résoudre. Cette valeur n’en est pas moins réelle et sa détermination n’en est pas moins importante.

Il faut admettre d’abord qu’un canal de navigation produit un certain revenu par les droits de péage qu’on y perçoit. Or ce revenu est évidemment la mesure palpable et l’expression numérique de l’utilité de l’entreprise.

On conçoit dès-lors comment le degré de cette utilité doit varier suivant les lieux, les temps, et une multitude de circonstances qu’il est impossible de prévoir et de classer.

(27) Mais si l’on ne peut en général assigner préalablement à son exécution jusqu’où s’étendra l’utilité d’un canal de navigation, il est du moins facile de fixer d’avance la limite à laquelle cette utilité doit commencer à se manifester.

En effet, il est évident que le revenu net d’un canal qui sera ouvert dans une certaine contrée devra être égal, quelques années après son établissement, au moins à l’intérêt des capitaux dont il aura exigé l’emploi. S’il en arrivait autrement, et que le revenu du canal restât inférieur à l’intérêt de ces capitaux, il est manifeste qu’on aurait pu faire un meilleur placement des fonds qu’on y aurait dépensés, et par conséquent le canal ne serait pas véritablement utile, en tant qu’il serait considéré sous le rapport de son produit immédiat.

Au surplus, quel que soit le revenu net d’un canal utile, il est évident que sa valeur vénale sera exactement représentée par le capital de ce revenu net.