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Cet homme a même retrouvé l’odorat, que le contact trop immédiat de l’air sur la membrane pituitaire lui avait fait perdre ; la cicatrice de son front n’est pas trop désagréable à la vue ; mais ce déplacement de parties a amené de singuliers changements dans ses sensations. Lorsqu’on le frappe sur le milieu du front, il ressent le choc sur son nez artificiel ; touché à la racine de ce nez, il rapporte la sensation au front ; la percussion faite sur les ailes du nez est ressentie aux joues, mais il n’y a point à cet égard de réciprocité.

M. Lisfranc, pour éviter une difformité que la torsion du lambeau du front produit quelquefois, l’avait incisé plus bas d’un côté que de l’autre et n’avait eu qu’à le faire pivoter sur sa pointe. Il en insère les bords dans une incision qui divise perpendiculairement la peau, et offre ainsi une rainure toute prête à les recevoir, et il les maintient au moyen de bandes agglutinatives qui dispensent d’y faire des sutures. Des rubans de plomb laminé, roulés sur eux-mêmes et fixés dans les narines, en ont conservé le diamètre.

M. Delpech a lu un Mémoire sur le même sujet. C’est surtout aux artères qui remontent de la racine du nez vers le front, et que l’on ménage en coupant le lambeau, qu’il rapporte le grand avantage de cette méthode ; la laxité du tissu cellulaire qui unit l’aponévrose du muscle frontal au péricrâne fait que ces points de suture rapprochent avec une facilité extrême les bords de la plaie, dont il ne reste ainsi que des traces très-légères. Les précautions variées qu’exigent les divers états des parties sont indiquées avec beaucoup de soin dans ce Mémoire, qui est fondé sur de nombreux succès ;