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voir se contenter de diviser en trois genres la famille des papillons. L’innombrable quantité des espèces découvertes depuis ce grand naturaliste, et les formes variées de leurs organes, ont donné lieu de multiplier les coupes génériques au point que l’on en fait maintenant plus de 50, et que l’on a été même obligé de les répartir entre certaines tribus que l’on a élevées au rang de familles. Dans ce nombre est celle des zygénides, démembrée des sphynx de Linnæus, et qui aujourd’hui comprend assez de genres pour être elle-même subdivisée.

M. Boisduval, qui en a fait l’objet d’une étude spéciale, a présenté à son sujet un Mémoire d’autant plus remarquable par les faits curieux qu’il contient sur les habitudes de ces insectes, que trop souvent les auteurs de semblables recherches s’en tiennent à des descriptions et à des nomenclatures.

La chenille de l’un des genres, le thyris, vit dans l’intérieur des rameaux de l’hyèble, et sa chrysalide, comme celle de plusieurs autres insectes dont la larve vit dans le bois, est armée de petites épines qui lui servent à s’avancer du fond de sa retraite vers l’orifice extérieur, par lequel le papillon doit sortir. L’auteur a continué pendant huit années ses observations sur les zygènes proprement dites. Ces jolis insectes, dont les ailes supérieures sont d’ordinaire d’un bleu d’acier, et ornées de taches rouges ou jaunes, volent en plein jour, se reposent toujours sur des fleurs, et y demeurent accouplés pendant vingt-quatre heures : le mâle périt deux jours après, et la femelle aussitôt après sa ponte. Les accouplements d’espèces différentes ne sont pas rares dans ce genre ; mais l’auteur n’en a jamais obtenu d’œufs. Après la première mue, même lorsque le temps est encore assez beau, les che-