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mêmes, d’après les mesures qu’il a rassemblées ; et il montre qu’elles sont loin d’offrir la forme qu’on leur attribuait, qui était d’être proportionnelles au carré du sinus de la latitude. Car, en admettant ce mode de variation entre des points très-voisins du globe, comme le permet l’ensemble des expériences, si l’on établit les deux coefficients qui lui sont propres, d’après les observations successives depuis Unst jusqu’a Formentera, ces deux coefficients, au lieu d’être constants, comme ils devraient l’être dans les hypothèses physiques qui donneraient la terre elliptique, se montrent au contraire graduellement variables, d’une station à la suivante, sur toute cette étendue, et avec une intensité qui ne permet pas d’attribuer ce phénomène aux erreurs maintenant si petites des observations. M. Biot répète la même épreuve sur un autre méridien d’Europe, celui qui, partant du Spitzberg, passe à Drontheim en Norwège, puis à Padoue, et se termine à Lipari dans les îles Éoliennes. Il y trouve un mode de variation de la pesanteur analogue à celui de Formentera et d’Unst, quoique avec des intensités absolues sensiblement différentes aux mêmes latitudes. Ces comparaisons le conduisent à conclure que l’accroissement de la pesanteur, en allant de l’équateur vers le pôle, n’est pas, du moins à l’occident de l’’Europe, tel que l’exigerait une figure elliptique résultante des conditions de constitution intérieure employées jusqu’à présent par la théorie. En discutant de même les mesures du pendule faites sur le parallèle de Bordeaux à Fiume et reduites par le calcul à une même latitude géographique, il y trouve aussi des inégalités incompatibles avec une figure elliptique de révolution ; et il montre qu’une cause physique, très-étendue et très-puissante, y rend généralement la pesanteur