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de la science ; et leurs travaux leur ont procuré des résultats intéressants, et qui en laissent entrevoir de plus intéressants encore.

De la racine de garance macérée dans le triple de son poids d’eau et égouttée donne un marc qui, abandonné à lui-même dans un lieu frais, se prend en une gelée, qui contient presque toute la couleur rouge. On la traite à plusieurs reprises par l’alcohol bouillant ; et après avoir concentré les solutions alcoholiques, on y ajoute de l’acide sulfurique et de l’eau. Il en tombe un précipité d’un jaune-fauve, qui bien lave et chauffé, donne un sublimé cristallisé de la couleur et de l’aspect du plomb rouge de Sibérie, volatil, soluble dans l’eau en petite quantité, très-soluble dans l’alcohol et surtout dans l’éther, formant avec les alcalis des combinaisons bleues ou violettes. MM. Colin et Robiquet ont nommé cette substance alizarine. Appliquée sur la toile de coton au moyen d’un mordant alumineux, et avec des avivages suffisamment énergiques, elle donne une teinture d’un beau rouge ; et néanmoins, comme on ne peut en préparer de belle laque avec l’alun, il y avait fort à douter que ce fût le seul principe colorant de la garance. Ces chimistes durent donc se livrer à de nouvelles recherches, et ils découvrirent dans la garance une autre substance, qu’ils ont nommée purpurine, et qui est douée à un bien plus haut degré du pouvoir tinctorial.

La purpurine, comme l’alizarine, est fusible, volatile, cristallisable par sublimation, dissoluble dans l’éther : elle a plus de solubilité dans l’eau que l’alizarine, et surtout les alcalis ne lui donnent point de teintes bleues ou violettes ; enfin, sa propriété distinctive la plus frappante, c’est de 2