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notice sur la vie et les ouvrages

Nous ne suivrons pas M. de Fleurieu dans tous les détails de cette longue navigation. Il nous suffira de dire que jamais épreuve n’avait été mieux entendue, plus diversifiée, plus prolongée, plus authentique, ni enfin plus satisfaisante.

Tant d’observations, suivies de tant de calculs, ne font pourtant qu’une partie du travail que s’était imposé M. de Fleurieu. Il ne lui suffisait pas de constater de la manière la plus certaine le mérite et l’utilité de l’invention, s’il n’en tirait par la même occasion toutes les sortes d’avantages qu’elle promet.

Ainsi, non content de démontrer, par les observations faites dans toutes les relâches dont la position géographique était bien connue d’avance, que les horloges avaient conservé dans les différentes traversées toute la régularité qu’on en attendait, et beaucoup plus encore, après avoir montré dans quelles limites et avec quelle précision il avait toujours connu la longitude de son vaisseau, il se sert de cette connaissance pour rectifier, chemin faisant, les longitudes de tous les points peu ou mal connus qu’il a pu voir et relever dans sa route.

Sans cesse il compare le résultat de ses observations aux résultats incertains de l’épreuve des pilotes, dont il fait sentir tous les dangers, quand on s’y livre uniquement et avec trop de confiance. Il recherche les causes qui ont pu occasionner les erreurs de ces pratiques trop simples et trop faciles en elles-mêmes pour donner lieu à des mécomptes si étranges, si quelque circonstance inconnue ou négligée n’y introduisait des altérations continuelles ; il détermine ainsi l’effet des courans ; il rectifie les cartes marines, signale tous les dangers, et n’omet rien de ce qui peut être utile aux navigateurs qui auront à suivre les mêmes routes. Le simple passager n’a pour but que de changer de lieu ; il ne voit que deux événemens dans une longue traversée quand elle est heureuse, l’embarquement et l’entrée au port. Tout l’intervalle est pour lui presque nul ; rien ne rompt l’uniformité des