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SUR LE SUCRE DE BETTERAVE.

Lorsqu’on a commencé à extraire du sucre de la betterave, le gouvernement a excité le zèle de tous les Français par des encouragemens ; par-tout on a semé des betteraves, et partout on a formé des établissemens sans consulter préalablement ni l’avantage du sol, ni le prix de la culture, ni la qualité saccharine de la racine. On a bâti, à grands frais, de vastes ateliers ; on a acheté des rapes et des presses dont on ignorait l’effet ; et souvent on est arrivé au moment de la fabrication sans se douter du procédé qui serait mis en usage, quelquefois même sans avoir fait choix d’un homme capable de conduire les opérations.

La marche raisonnée d’une nouvelle industrie n’est point celle qu’on a suivie ; on a fait des pertes et on devait s’y attendre. Ici la betterave ne contenait plus de sucre au moment où on l’a travaillée, c’est ce qui a entraîné la chûte de tous les établissemens du midi ; là on a employé de mauvais procédés, et on n’a extrait que des sirops ; ailleurs, la culture ou l’achat de la betterave ont été si coûteux que le produit n’a pas balancé la dépense.

Cette manière irréfléchie de procéder a dû entraîner la chûte de la plupart des établissemens, et comme on raisonne d’après les résultats de son expérience, qu’elle soit bonne ou mauvaise, il s’est bientôt formé une opinion presque générale contre le succès de ces fabriques. D’un autre côté, la mauvaise qualité de sucre que quelques fabricans ont versé dans le commerce n’a pas peu contribué à dégoûter le consommateur.

Il eût mieux valu sans doute rechercher les causes de ce peu de succès, et tourner les yeux vers les établissemens qui prospéraient, pour étudier la bonne méthode ; mais telle n’est