Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1.djvu/563

Cette page a été validée par deux contributeurs.
383
SUR LE SUCRE DE BETTERAVE.

présenter à ce sujet quelques vues que je soumets avec respect à la sagesse du gouvernement et aux hommes plus éclairés que moi.

Je ne dirai point, avec quelques écrivains, que le systême colonial n’intéresse pas la nation, sous le prétexte que les colonies ne versent rien au trésor public, qu’elles sont une occasion de guerre toujours existante, qu’elles nécessitent l’entretien d’une marine très-dispendieuse, etc. Je sais que les colonies ouvrent un débouché aux produits de notre industrie et de notre sol, je sais qu’elles alimentent nos fabriques en matières premières, et qu’elles donnent une grande activité au commerce. Sous tous ces rapports, les colonies ont été jusqu’ici une des sources principales de la prospérité publique : mais, si tous ces avantages peuvent être reportés dans le sein de la France ; si la fabrication indigène du sucre et de l’indigo peut remplacer le sucre et l’indigo du Nouveau-Monde, au même prix et dans les mêmes qualités ; si cette nouvelle industrie augmente la masse du travail parmi nous et enrichit notre agriculture sans la priver d’aucun de ses produits ; il est évident qu’il reste, contre les colonies, sans compensation d’aucun intérêt majeur, les dépenses annuelles qu’elles occasionnent et les nombreuses chances de guerre qui, tout-à-coup, compromettent les fortunes et nous forcent à des privations lorsqu’une marine formidable ne peut pas dominer ou au moins rivaliser sur les mers.

On pourrait fortifier ces raisons de l’état actuel de nos colonies ; mais à Dieu ne plaise que je prétende détourner l’attention du gouvernement d’un aussi grand intérêt pour la métropole et de sa sollicitude paternelle pour les mal-