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MÉMOIRE

brication des sirops et ils ont produit deux grands résultats également avantageux ; le premier, de verser dans la consommation une énorme quantité de sirops qui remplaçait le sucre dans plusieurs usages domestiques, et exclusivement dans les hôpitaux ; le second, de donner de la valeur à nos raisins qui, à cette époque, n’en avaient presqu’aucune.

Peu de temps après, on a trouvé le moyen d’extraire un sucre farineux et solide du raisin, et ce produit a présenté plus d’analogie avec le sucre de canne que le sirop ; il était, comme lui, sans odeur et pouvait le remplacer dans tous ses usages en l’employant à un poids double ou triple pour obtenir le même effet. Ce sucre n’est point susceptible de cristallisation.

À-peu-près dans le même temps la chimie a fourni le moyen de décolorer le miel, et de lui enlever son odeur, de telle sorte qu’on pouvait l’employer dans les infusions de thé et de café comme le meilleur sirop de sucre.

Tous ces procédés étaient devenus des opérations de ménage, et on éprouvait à peine quelque privation de la rareté du sucre de canne ; mais il était réservé à la chimie de produire dans nos climats le véritable sucre des colonies et c’est ce qui n’a pas tardé à arriver. Déjà les analyses de Margraaf et les travaux d’Achard, sur le sucre de betterave, avaient mis sur la voie ; il ne s’agissait plus que de perfectionner les procédés et de former des établissemens en assez grand nombre pour fournir à la consommation : à cet effet, les encouragemens ont été prodigués ; et, en une année, on a vu se former plus de cent cinquante fabriques dont quelques-unes ont obtenu de grands succès et ont versé dans le commerce plusieurs millions d’excellent sucre. La plupart