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SUR LE SUCRE DE BETTERAVE.

elle des objets de première nécessité : elle fit un appel à l’industrie de ses habitans ; le gouvernement encouragea leurs efforts ; et, en peu de temps, on parvint à remplacer quelques produits par des produits indigènes, et à trouver, dans les productions de notre sol, des objets absolument de même nature que ceux qu’on avait tirés jusques-là du nouveau-monde : les cotons d’Espagne, de Rome et de Naples, surtout ceux de Castellamare, suppléaient à ceux de l’Amérique et de l’Inde ; la garance remplaçait la cochenille par le procédé de M. Gonin ; le pastel, traité dans les ateliers de MM. Puymaurin, Rouqués et Giobert, fournissait un excellent indigo, et les nombreuses fabriques de sucre de betterave qui s’étaient formées annonçaient à l’Europe qu’on était au moment de secouer le joug du nouveau-monde.

À peine ces établissemens ont-ils été formés, à peine les procédés, encore imparfaits, ont-ils été établis, qu’un nouvel ordre de choses a remplacé l’ancien ; la paix a rouvert toutes nos communications, les habitudes ont repris leur empire, et peu s’en faut qu’on n’ait relégué au rang des chimères la possibilité de fabriquer chez nous le sucre et l’indigo. Cependant, quelques personnes ont continué et continuent à fabriquer du sucre de betterave, et il est facile de prouver qu’elles peuvent soutenir cette fabrication concurremment avec les colonies ; c’est ce que je crois démontrer dans ce Mémoire.

Lorsque la France a commencé à éprouver le besoin du sucre, on a cherché, dans les sirops de quelques fruits, surtout du raisin, le moyen d’y suppléer, et l’on a singulièrement amélioré cette fabrication. De grands établissemens se sont formés, sur plusieurs points du royaume, pour la fa-