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MÉMOIRE
SUR LE SUCRE DE BETTERAVE,
Par monsieur le comte CHAPTAL..
Lu à la séance de la première Classe de l’Institut royal de France,
le 23 octobre 1815.

Les vingt-cinq années qui viennent de s’écouler formeront une époque mémorable dans les annales de l’industrie française ; la plupart des événemens extraordinaires qui se sont succédé ont concouru à favoriser ses progrès. La France, privée de ses colonies, bloquée sur toutes ses frontières, s’est vue réduite à ses propres forces et à ses seules ressources ; et en mettant à contribution les lumières de ses habitans, et les productions de son sol, elle est parvenue à satisfaire à tous ses besoins, à créer des arts qui n’existaient nulle part, à perfectionner ceux qui étaient connus, et à s’affranchir des pays étrangers pour la plupart des objets de sa consommation. C’est ainsi que nous avons vu successivement perfectionner le raffinage du salpêtre, la fabrication des armes et de la poudre, le tannage des cuirs, la filature du coton, de la laine et du lin ; améliorer le tissage des étoffes et en exécuter plusieurs qui nous étaient étrangères ; décomposer le sel marin pour en extraire la soude ; former, de toutes pièces, l’alun et