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MOUVEMENT DES FLUIDES

rature égale, la couche de tel fluide qui mouille la surface d’un certain corps est plus ou moins épaisse que la couche de tel autre fluide qui jouit aussi de la propriété de mouiller cette même surface, et cela indépendamment de la viscosité spécifique de ces fluides, c’est-à-dire, l’adhérence qui retient leurs molécules entre elles.

C’est ainsi que l’alcohol adhère au verre sur une plus grande épaisseur que l’eau quoiqu’il soit sensiblement moins visqueux suivant les physiciens ; tandis qu’une dissolution assez concentrée de nitrate de potasse, dont la viscosité est évidemment plus grande que celle de l’eau, adhère cependant au verre sur une épaisseur beaucoup moindre.

Tous les phénomènes dus à l’influence de la température dans l’écoulement linéaire des fluides qui ont la propriété de mouiller les canaux capillaires où ils se meuvent disparaissent entièrement dans l’écoulement linéaire des fluides dépourvus de cette propriété. Ainsi les produits de l’écoulement du mercure par un tube capillaire de verre, sous une charge déterminée, sont les mêmes à quelque température que ce soit. Comme il ne reste point alors de couche fluide adhérente à la paroi intérieure du tube, son diamètre effectif ne peut subir d’altération par les variations d’épaisseur de cette couche. Ainsi l’explication que nous avons donnée des phénomènes du mouvement linéaire des fluides adhérens, se trouve confirmée par les phénomènes du mouvement de ceux qui ne le sont pas, et notre théorie en reçoit un nouvel appui.

Nous avons fait voir au surplus que la résistance au mouvement qu’éprouve dans un canal capillaire un fluide qui ne le mouille point, est analogue à la résistance que le frottement oppose au mouvement des corps solides quand ils