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MOUVEMENT DES FLUIDES

Le tableau qui en présente les résultats indique la loi que suivent douze expériences comprises entre - 3 degrés ¼ et 69 degrés. On y reconnaît que le temps de l’écoulement d’un même volume d’alcool diminue avec beaucoup plus de rapidité dans les degrés inférieurs de l’échelle thermométrique que dans les degrés supérieurs : cette loi est analogue à celle de la variabilité de l’écoulement de l’eau déjà observée. Mais, contre notre attente, le temps employé à remplir d’alcool un quart de litre a été beaucoup plus long que celui employé sous la même charge et à la même température à remplir d’eau la même capacité. Ainsi à zéro de température, par exemple, il a fallu 2750 secondes pour l’écoulement d’un quart de litre d’alcool tandis que tout égal d’ailleurs, l’écoulement du même volume d’eau n’a exigé que 1036 secondes.

De même à 70 degrés du thermomètre les mêmes volumes d’alcool et d’eau s’écoulent, le premier en 643", et le second en 246" seulement. Or le verre est, comme on sait, susceptible d’être parfaitement mouillé par l’alcool, de sorte qu’un filet de cette liqueur en mouvement dans le tube glisse sur une couche du même fluide qui adhère aux parois de ce tube. Si donc, admettant l’opinion commune, on suppose la fluidité de l’alcool plus grande que celle de l’eau, c’est-à-dire ses molécules moins adhérentes entre elles, il faut que le filet d’alcool qui se meut, se détache plus facilement de la couche qui est immobile, ainsi il doit éprouver moins de résistance à se mouvoir, et par conséquent le produit de son écoulement en un temps donné doit être plus considérable que le produit de l’écoulement de l’eau. Mais c’est précisément le contraire qui arrive : la différence de fluidité spécifique