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notice sur la vie et les ouvrages

et l’état actuel de sa fortune lui faisaient une loi. Quelques consolations vinrent l’y chercher. L’Institut lui rendit une partie de ce dont il jouissait à l’Académie des Sciences ; il fut l’un des examinateurs de l’École Polytechnique ; et quand après quarante ans de services, l’âge et les infirmités le forcèrent à demander sa retraite, on lui conserva le traitement qu’il avait si bien mérité.

C’est dans cette solitude et cet éloignement de la société où il avait été autrefois plus répandu, qu’il composa son Histoire des Mathématiques qui eut deux éditions en moins de six années. Deux volumes sont bien peu pour un sujet aussi vaste. Aussi les mathématiciens trouvèrent-ils l’ouvrage trop incomplet ou plutôt trop superficiel. Mais ce n’était pas pour eux non plus qu’il avait été composé. On voit, par les réflexions que l’auteur fait sur l’ouvrage de Montucla, qu’il sentait dans quel esprit et selon quel plan une pareille histoire doit être composée ; mais il ajoute aussitôt que son dessein n’est pas de donner cette histoire approfondie, où toutes les parties des mathématiques seraient analysées, et qui pourrait dispenser jusqu’à un certain point de la lecture des auteurs, au moins de ceux dont les méthodes auraient vieilli. Il ne prétend qu’esquisser un tableau général des progrès des mathématiques depuis leur origine jusqu’à nos jours ; honorer la mémoire des grands hommes qui en ont étendu l’empire, et sur-tout inspirer à la jeunesse le goût et l’étude de ces sublimes connaissances. Il se souvenait sans doute de ce qu’il avait senti dans sa jeunesse à la lecture des écrits de Fontenelle. Sa première édition ne portait que le titre modeste d’essai. Il témoigna depuis qu’il avait été content du succès qu’il avait obtenu. Son histoire avait été traduite en plusieurs langues ; on y avait trouvé de la méthode et de la clarté ; on en avait loué le style. Il avoue en même temps que la seconde édition qui portait le titre d’Histoire Générale avait été moins heureuse, et qu’elle avait essuyé des critiques assez vives. La cause qu’il assigne à cette différence,