Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xcj
notice sur la vie et les ouvrages

puisa la passion la plus forte pour les mathématiques. Brûlant de marcher sur les traces des grands hommes dont les belles découvertes enflammaient son imagination, et ne trouvant à Lyon personne qui pût guider ses premiers pas, il osa s’adresser directement à Fontenelle pour lui demander des conseils ; il en reçut une réponse encourageante : Je vous prie, lui mandait le vieillard plus que nonagénaire, de me donner de temps en temps des nouvelles de votre marche. J’ai un pressentiment qui me dit que vous irez loin, mais je ne pourrai vivre assez pour jouir de vos succès. Il n’en fallait pas tant pour inspirer à Bossut la résolution de se rendre à Paris ; Fontenelle l’accueillit avec bonté, le fit connaître à Clairaut et à d’Alembert qui lui prodiguèrent les encouragemens. D’Alembert sur-tout en fit plus particulièrement son élève, et se plaisait à lui aplanir les difficultés qui pouvaient retarder ses progrès. Le temps cimenta cette union fondée d’une part sur la bonté qui s’attache en raison des bienfaits qu’elle a multipliés, et de l’autre sur la reconnaissance la plus juste et la plus vivement sentie. Cette union a subsisté sans altération jusqu’à la mort de d’Alembert. Bossut avait fait une étude particulière des écrits de son maître ; et celui-ci, quand on venait lui demander quelques éclaircissemens sur des passages difficiles, qui auraient exigé de sa part qu’il relût son travail avec quelque attention, renvoyait à son disciple, au confident de ses pensées, par ces mots : Voyez Bossut.

Camus, autre membre de l’Académie des sciences, examinateur des élèves de l’artillerie et du génie, conçut pour lui la même affection, et le présenta au comte d’Argenson, ministre de la guerre, qui le nomma professeur de mathématiques de l’école du génie à Mézières ; c’était en 1752, Bossut avait alors 22 ans.

Vers la fin de la même année, l’Académie des sciences l’admit au nombre de ses correspondans. Il lui avait lu un Mémoire