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de m. le comte de fleurieu.

justice aux recherches fines et profondes des géographes français, et notamment à celles du savant et ingénieux auteur qu’il traduit.

Le voyage de Marchand valut à M. de Fleurieu un témoignage non moins flatteur, parce qu’il était aussi désintéressé, de la part d’un Espagnol qui se plaignait pourtant de voir sa nation traitée par M. de Fleurieu avec une sévérité qu’elle cessait alors de mériter. Le savant espagnol n’hésitait pas à adopter la nouvelle nomenclature des terres et des mers proposée dans l’appendice au voyage de Marchand.

Pour donner à une science une nomenclature exacte, il faudrait au moins que les limites de cette science fussent bien posées, et ses grandes divisions parfaitement établies ; et toutes les nomenclatures se sont introduites graduellement à mesure que les sciences se formaient, quand les idées étaient encore incomplètes, si même elles n’étaient entièrement inexactes. Peu de sciences ont à cet égard le droit de se faire l’une à l’autre un reproche qu’elles méritent presque toutes. L’astronomie, la plus ancienne et peut-être la plus avancée des connaissances humaines, offre des exemples continuels de dénominations qui ont plusieurs fois changé leurs acceptions, sans parvenir à en rencontrer de justes.

La chimie, presque seule jusqu’aujourd’hui, a cédé au besoin de se faire une nomenclature toute nouvelle.

M. de Fleurieu voulut rendre un service pareil à l’hydrographie. La réforme était plus facile. Le globe est aujourd’hui suffisamment connu, sinon dans tous ses détails, au moins dans son ensemble. On connaît à-peu-près les limites et les contours des pays ou des mers où l’on n’a pu pénétrer. Il était temps de faire disparaître ces dénominations imposées vaguement et au hasard à des mers dont on n’avait visité que la moindre partie. En démontrant l’inexactitude des dénominations qu’il veut bannir et