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jacques callot.

propres récits que nous l’apprenons ; — bien que témoin de certains désordres, il avait pu, après un assez long commerce avec de si étranges compagnons de route, sortir de leur société sans aucune souillure, ni de corps, ni même de cœur[1].

Enfin les bizarreries touchent à leur terme. Florence a montré ses murailles ; sitôt arrivé sur les quais de l’Arno, l’enfant se presse de quitter la bande, compromettante bien qu’hospitalière. Est-ce qu’il a des patrons à qui s’adresser ? Pas un seul. Mais sa gentille figure, qui lui sert de passe-port, le fait prendre en amitié, sur-le-champ, par un officier grand-ducal ; et, sur le récit de son escapade, celui-ci le fait admettre chez Remigio Canta-Gallina, peintre et graveur connu, maître plus que suffisant pour un débutant de cet âge.

Quoique les avantages qu’offrait cette première station en Italie, fussent loin d’être nuls, ils ne purent retenir l’élève que peu de mois. C’est vers Rome que se tournaient ses pensées ; vers Rome, où l’appelaient à la fois le désir de contempler les mille beautés dont il se faisait une merveilleuse image, et celui de retrouver là son camarade Israël Henriet, qui avait, lui, le bonheur d’en jouir. Il part donc, il arrive au Tibre, il foule le sol de la Ville éternelle… Ô mésaventure imprévue ! ô mécompte de tant d’espérances ! De braves marchands

  1. Voir la note finale D.