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confère en outre aux nerfs de ce tégument le droit de transmettre au cerveau les impressions qui, dans l’état normal, incombent aux nerfs optique et acoustique. Elle enlève à ces derniers leur spécialité qui ressort si nettement des faits physiologiques et des recherches histologiques. Quand dans l’amputation de l’œil on sectionne le nerf optique, l’opéré accuse non une douleur, mais une lumière vive, éblouissante, parce que la lumière est dans ses attributs. Quand on coupe un nerf cutané, on provoque de la souffrance parce que son lot est la sensibilité générale. Ces phénomènes subjectifs ne sont pas dus à une aptitude purement fonctionnelle qui, on le conçoit, pourrait se déplacer et être acquise momentanément par tout autre nerf ; mais bien à une structure particulière que présente chacun des nerfs sensoriels dans ses épanouissements terminaux. En me faisant connaître ces dispositions intimes, le microscope est encore venu me convaincre une fois de plus de l’impossibilité de la transposition des sens ; car une modification de contexture ne saurait s’improviser sous l’influence de passes magnétiques.

D’ailleurs, les partisans de la transposition des sens se sont jugés eux-mêmes en fuyant le regard scrutateur de l’Académie. Un prix de 3 000 francs a été offert au sujet qui parviendrait à lire sans le concours des yeux. Il y avait là de quoi tenter les nombreux somnambules qui exploitent la crédulité parisienne ; mais ce