Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xlix

pas sur notre globe un seul animal qui ne possède l’un de ces deux appareils. Au bas de l’échelle, Dieu a pu sacrifier l’éclairage par le fait des cônes ; mais nulle part il n’a sacrifié la forme, parce que sans la forme la vision deviendrait un sens nul qui ne fournirait pas à l’intelligence son contingent d’idées, qui ne serait propre à nous procurer que la sensation positive de la lumière et la sensation négative de l’obscurité. C’est cependant à celà que la vision serait forcément réduite dans le cas de transposition.

La lumière réfléchie par un objet qui arriverait à la peau sans avoir traversé un cristallin ne pourrait jamais traduire pour le sensorium la forme de cet objet : les lois de l’optique le veulent ainsi.

Si un des croyants des manifestations surnaturelles du magnétisme entend cet argument, sans doute qu’il m’oppose mentalement le sentiment d’Arago, qui se trouve toujours dans leur bouche lorsqu’on les met aux prises avec les faits connus et la raison. « En dehors des mathématiques pures, a dit Arago, celui qui prononce le mot impossible est imprudent. » Sans doute on ne peut imposer des bornes à la nature ; mais la physique et la physiologie ont aussi leurs lois fondamentales que rien ne saurait altérer.

On a pu balancer un instant entre la théorie des ondulations de Descartes et la théorie de l’émission de Newton, parce que ce ne sont là au fond que des hy-