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maintenir sa place à un banquet où il y a plus d’appelés que d’élus, à qui saura lutter plus énergiquement pour sa propre subsistance, soit contre les individus de son espèce ou d’une autre espèce, soit contre les difficultés des conditions où il se trouve placé. De là il résulte que tout individu qui apportera à cette mêlée une supériorité quelconque sur ses concurrents devra l’emporter sur eux et donner naissance à une postérité mieux armée que la leur pour un combat qui se continue sans relâche. Dans cette postérité, ceux-là à leur tour auront plus de chance d’être élus, en qui la supériorité héréditairement transmise sera plus fortement accusée ; et ainsi, un avantage d’abord accidentel et insensible s’ajoutant à lui-même à chaque génération nouvelle, cette accumulation continue donnera enfin naissance à une race perfectionnée, plus vivace en raison même de ces perfectionnements successifs.

Supposons maintenant que les conditions d’existence viennent à changer, soit pour plusieurs espèces à la fois, soit pour une d’elles. Parmi les individus ainsi soumis à ce régime nouveau, ceux-là s’en accomoderont le mieux dont l’organisation y était pour ainsi dire adaptée d’avance par quelque trait particulier et accidentel. Par exemple, que le climat d’une contrée vienne à se refroidir, tout quadrupède qui se trouvera fortuitement avoir un poil plus fourni et plus chaud que ses congénères, devra, toutes choses égales, se défendre mieux qu’eux contre la température nouvelle. Ainsi,