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On retrouve dans cette description tous les caractères que nous aurons tout à l’heure à signaler dans l’état magnétique. C’est un véritable somnambulisme artificiel obtenu sans passes à l’aide d’une sensation visuelle monotone et pénible, c’est-à-dire par un procédé qui ne diffère en rien des chansons naïves dont nos mères ont bercé notre enfance.

Dans ses moyens de production, le sommeil magnétique se confond non-seulement avec le sommeil naturel mais encore avec le sommeil pathologique de l’extase. Dans l’Inde, la dévotion principale des Joguis consiste à rechercher des voluptés célestes dans un hypnotisme qu’ils obtiennent en regardant fixement pendant de longues heures, soit l’extrémité de leur nez, soit un point imaginaire de l’espace. Les moines chrétiens du mont Athos, qui ont reçu le nom d’Omphalo-psychiens se plongent dans l’extase en maintenant leurs yeux sur un point de leur personne dont la proéminence indique que la bonne chaire n’est pas interdite par les règlements de l’ordre.

Pendant ce nouveau genre de sommeil, ce qui m’a le plus frappé, c’est l’état passif dans lequel le magné tisé se trouve plongé. Il n’est plus lui. Il est devenu la chose de celui qui vient de l’enlever à la vie normale. Il obéit à sa voix. Il ne pense et n’agit que par lui. On dirait un automate dont les diverses parties ne fonctionnent qu’au gré de l’homme qui en connaît les res-