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tisme, il est d’emblée ce qu’il est chez les somnambules, sauf que son mode de production lui donne un cachet particulier, qu’on peut exprimer par ces mots : absence absolue d’initiative.

Le sommeil magnétique ne ressemble pas seulement au sommeil physiologique par son essence ; mais encore par son mode de génération. Ce qui ramène ordinairement la torpeur périodique à laquelle est astreinte l’espèce humaine, ce sont les fatigues intellectuelles et physiques. Mais l’épuisement général n’est pas toujours nécessaire pour produire ce résultat. Alors même que l’économie possède encore assez de force nerveuse pour exciter tous les organes et les maintenir éveillés, l’assoupissement peut survenir accidentellement sous l’influence de la concentration de la pensée sur une sensation uniforme sans cesse répétée. Les chants monotones de la nourrice finissent par avoir raison de l’enfant le plus rétif. C’est par un mécanisme semblable que les oscillations régulières imprimées à son berceau le forcent à s’assoupir.

Dans le magnétisme, ce n’est pas par l’organe de l’ouïe ni par le sens musculaire que les influences soporifiques pénètrent dans l’organisme qu’elles envahissent ; c’est par le sens de la vue. La monotonie des sons se trouve remplacée par celle des gestes et par la fixité du regard que le magnétiseur exige de son patient. On ne saurait contester ce mode d’origine au