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Montre donc du courage et de la fermeté,
Et bien loin de la fuir, cherche la vérité !
Je veux guider, enfant, ton inexpérience
Le long des verts sentiers où fleurit la science,
Écoute ! tu me plais ; rends grâce à ton destin !
C’est moi qui vais t’ouvrir les portes du jardin.
Tu ne rêveras plus d’idéal impossible,
Mais l’univers entier te deviendra visible.
Ses secrets devant toi, je veux les mettre à nu ;
Je veux sans rien laisser de vague ou d’inconnu,
Étudiant les lois qui gouvernent les choses,
Avec toi remonter des effets à leurs causes,
Et t’expliquant de tout le sens mystérieux,
T’apprendre à conquérir et la terre et les cieux.
Tu parais étonné : Sais-tu, dans mon domaine,
Le pas que j’ai fait faire à l’industrie humaine ?
Connais-tu nos travaux, nos progrès, nos efforts ?
Les navires à l’ancre enfermés dans les ports,
Près des mers désormais sûrement traversées ;
Les éléments vaincus, les montagnes percées,
Le puissant télescope explorant l’univers,
L’homme, rival de l’aigle, allant, au fond des airs,
Des mondes inconnus découvrir l’existence,
Et la vapeur enfin supprimant la distance ;
Voilà par quels essais, quels efforts de géant,
Nous avons comme Dieu fécondé le néant. »
Elle dit et se tait, mais soudain l’autre femme,
Le visage éclairé d’une céleste flamme,