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LES DEUX MUSES


Par M. Th. LAMBERT




J’avais tant bien que mal terminé ma logique,
Et je touchais alors à cet instant critique,
Où, libre d’essayer le vol de sa raison,
Le jeune homme incertain consulte l’horizon.
Devant lui désormais deux routes, deux carrières !
Doit-il continuer ses études premières,
Ou, laissant pour toujours le grec et le latin,
Aux sciences doit-il confier son destin ?
Il ne sait, il hésite en ce choix difficile,
Et, craignant des regrets le retour inutile,
N’ose seul au hasard livrer son avenir.
Qu’il se hâte pourtant, car il faut en finir !
Qu’il interroge encore ses goûts, ses répugnances,
Hé bien ! que choisit-il ? Les lettres, les sciences ?
Voyons donc ! — ah ! plutôt, sans suivre aucun chemin,
Errer à l’aventure un beau livre à la main ;
Se perdre seul dans l’herbe au milieu des campagnes,
S’en aller dans les bois, courir sur les montagnes,