choses humaines, même dans ce charmant commerce de l’amitié et de l’esprit, et dans ce qui paraît le moins sujet aux coups de la fortune. L’automne de 1803 a vu disparaître celle qui en était l’âme, et dont on aimait à consulter la sensibilité et la vive intelligence. Malgré les plaisirs de l’esprit qui ont embelli et consolé ses dernières années, sa frêle santé, minée par les amertumes du cœur, et surtout par un deuil éternel, a vainement cherché les soulagements d’un doux climat ; elle n’a guère tardé à succomber. Chênedollé avait regagné ses champs et son désert ; le malheur aussi l’avait touché ; des espérances de sa jeunesse à jamais brisées, il avait rapporté une douleur qu’il ne pouvait dompter que par le travail des mains et la fatigue du corps ; cette influence pesa sur toute sa vie, lui laissant une inertie de volonté qui l’empêcha toujours d’arriver à sa place, et que l’amitié de Joubert, aussi clairvoyante qu’infatigable, combattit seule avec quelque succès. Mais la fortune portait Fontanes, dont le crédit et la considération prenaient chaque jour plus de consistance. Son intelligence élevée et son esprit de conduite, sa parole mesurée et digne, son classique langage puisé aux meilleures sources, toutes ces qualités, remarquées du puissant fondateur de l’Université, devaient lier son nom à la création de l’institution nouvelle, où il s’empressa d’appeler Joubert comme son meilleur auxiliaire. Alors Châteaubriand avait fait éclater dans le Mercure, par une phrase fameuse, l’opposition qu’il voudra plus
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