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oublia opportunément qu’il avait défendu, en 1316-1317, le droit des femmes et hérita de la couronne au détriment de ses nièces. Aucun traité, aucun pacte, que je sache, ne les priva du trône. On s’accoutumait à l’exclusion des femmes. Combinée savamment en 1316-1317, cette exclusion se consommait d’elle-même en 1322. Le fait commençait à créer le droit.

Enfin Charles le Bel, mort en 1328[1], laissait à son tour une fille et sa femme enceinte (elle accoucha d’une fille)[2]. Personne ne songea à couronner les filles du roi défunt ; car l’opinion, dès lors, était bien arrêtée : le trône ne pouvait échoir qu’à un homme. On sait qu’il allait être occupé par le fils de ce même Charles de Valois qui, en 1316-1317, avait lutté pour le droit des femmes.

C’est ainsi qu’en quatorze ans les femmes furent exclues à trois reprises du trône de France. Le droit public était fixé sur ce point. Les prétentions des femmes ne pouvaient renaître.

Un péril dont nous ne pouvons affirmer que les contemporains aient eu conscience se trouvait ainsi écarté : la France désormais ne serait point exposée à passer, par un mariage, aux mains d’un prince étranger. N’allons pas cependant nous exagérer à nous-mêmes la gravité de ce péril. Les intérêts de la France se fussent toujours largement imposés à son chef. On conçoit assez difficilement qu’un pays tel que le nôtre eût pu se[3]

  1. Le 1er février 1328 (n. s.). (Géraud, Continuatio Chronici G. de Nangiaco, t. I, p. 82.)
  2. Cf. Grandes Chroniques, édit. Paulin Paris, t. V, p. 301, 305 et, à la fin du volume, addition à p. 305 ; ms. fr. 25159, p. 28, 29.
  3. des guerres sur le chapitre ix et dernier on lit : « Ledit noble roy Loys (Louis XI appelé plus haut Loys Xme de non) peut estre compté pour XIme de ce non, se l’en veult mettre en compte Loys et Carloman, freres et enffans du roy Loys le Baube et de sa concubine. » (Bibl. nat., Rosier des guerres, ms. fr. 17273, fol. 5 ro ; cf. Lelong et Fontette, II, 771, no 27182.) Dans ce même ms. 17273 (XVe siècle), notre Louis X est ainsi qualifié dans une des rubriques mises en marge du texte : « le IXe Loys, surnomé Hutin ».